Colonel Moumar Guèye Un écrivain sobre et sociable

Colonel Moumar Guèye Un écrivain sobre et sociable

 A 74 ans, le Colonel Moumar Guèye, Ingénieur des Eaux et Forêts à la retraite, Président du Pen Club Sénégal, président du Conseil d’administration des Manufactures Sénégalaises des Arts  Décoratifs de Thiès, demeure un écrivain bien inspiré, qui ne rate pas la moindre occasion pour taquiner la muse. C’est un romancier sobre, accessible, sociable, disponible et serviable. La première chose qu’on remarque chez lui, est que ses amis d’hier sont ses amis d’aujourd’hui.
C’est un homme de culture, qui dispose de connaissances très solides et avérées sur le Coran. Il manie à l’aise le Français et l’Anglais. Il est aussi un fervent fidèle mouride, Talibé de Serigne Mountakha Bachir, un artisan infatigable de la promotion de nos langues nationales en particulier le Wolof. Ses ouvrages consacrés à l’arbre et à l’eau, son roman intitulé « La Malédiction de Raabi » continuent de soulever des vagues, d’alimenter les conférences à Saint-Louis, sa ville natale, au Sénégal et dans d’autres pays…..
 
                                      
 
Le Colonel Moumar Guèye est d’une énergie débordante, d’une générosité, d’une discrétion et d’un pragmatisme légendaires. Ses écrits ont une portée scientifique, sociale, économique, environnementale et culturelle. Il a une vie littéraire intense. Ce romancier charismatique et très éloquent, est éclectique et a un parcours atypique.
 C’est un intellectuel émérite, multifacettes, très célèbre, au background impressionnant et époustouflant, ahurissant et prodigieux, une sommité du monde de la culture, bien enracinée dans nos traditions et nos coutumes ancestrales, et très ouverte à la modernité. Autant de qualités qui font qu’il est toujours chaleureusement accueilli, fortement ovationné et acclamé dans tous les milieux.
 Ce romancier fait partie des plus grands écrivains sénégalais, qui s’évertuent à tenir le flambeau de la culture très haut, à raviver la flamme de la littérature négro-africaine d’expression française.
 On le sollicite partout pour animer des conférences publiques, des colloques internationaux sur l’art et la culture.
Cet après-midi, nous sommes à Médina-Courses, à la recherche du domicile de cet écrivain. La clémence crépusculaire du climat, se substitue gaiement à la douceur matinale.
Il est 16 h 30. Un soleil radieux, pas très chaud, éclaire généreusement les grosses dalles d’ardoises de la zone située entre le siège régional de l’Isra et le stade de football « Mawade Wade ».
 L’astre étincelant, illumine de nombreuses nouvelles constructions en dur, futuristes, les ruelles antiques, quelques petites maisons en bois, certaines cases en paille, les vastes et belles concessions, les vieilles chaumières et le paysage enchanteur de Médina-Courses. Ce milieu est un melting-pot. On y retrouve des nantis, des démunis et de nombreux travailleurs issus de toutes les catégories socio professionnelles.
À force d’admirer, de contempler ces images esthétiques de ce quartier populeux du faubourg de Sor, une douce chaleur joyeuse circule dans nos veines. Notre vision ne peut pas mesurer cette ampleur de la nature, aux dimensions qui s’étendent à l’infini.
 Mais, notre mémoire et notre imagination suppléent à la faiblesse de notre vue émoussée. Cette beauté gigantesque nous remplit de satisfaction. Difficile de couver notre fascination croissante qui finit par éclore en un désir irrésistible de demander aux paisibles et braves habitants de ce quartier, comment pourrait-on s’installer définitivement dans ce havre de paix ?
Notre premier interlocuteur, un vieux tôlier de 70 ans, nous demande de redescendre vers l’Isra pour repérer le domicile du Colonel Moumar Guèye. Il exhibe un visage apoplectique, ascétique, buriné par les intempéries, tanné par les vents impétueux et le soleil ardent qui illumine souvent les maisons de ce quartier et autres fragments de cette nature douce et joviale qui continue d’impressionner et de crucifier les visiteurs.
Ce tôlier à la retraite affiche une mine grave et renfrognée, creusée par un dur labeur dans ses ateliers de tôlerie. Elle est rongée par la fatigue, le stress, le calvaire, la galère et la grande corvée pour joindre actuellement les deux bouts.
 
                                                   De nombreuses distinctions
 
Chez le Colonel Moumar Guèye, la façade de la devanture de la maison affiche les couleurs du drapeau national. Cette première remarque nous donne une idée précise de l’intérêt particulier qu’il accorde au civisme, aux symboles et aux devises de la nation. A l’intérieur, l’atmosphère est détendue, relaxe. Le Maître des lieux, clinquant dans son trousseau vestimentaire traditionnel, devise tranquillement avec les membres de sa famille et quelques invités. Ses principales œuvres et ses distinctions sont affichées dans le salon et dans d’autres coins de la maison.
Il s’agit notamment du Roman intitulé « La Malédiction de Raabi », commenté par Aminata Sow Fall, qui rappelle dans le poster, que, « c’est le récit poignant d’un voyage jusqu’au bout de l’horreur dans un labyrinthe sinistre, d’où Raabi, une éternelle victime, une éternelle brimée, une éternelle malchanceuse, n’a pu sortir qu’en plongeant dans les entrailles de l’Océan ».
Nous avons pu admirer également d’autres affiches sur « l’eau, un trésor à protéger », qui est un livre préfacé par Me Abdoulaye Wade, sur « L’arbre est la vie », une œuvre racontée aux enfants et aux adultes, préfacée par le Docteur Feu Jacques Diouf, ancien Directeur Général de la Fao.
Ces deux livres ont été présentés au public le 9 septembre 2017, à Saint-Louis, respectivement par le Pr Banda Fall de l’Université Gaston Berger et le Professeur de français, Habib Kébé. Dans le couloir qui mène au Salon, une autre œuvre très intéressante, intitulée « L’eau, source de paix et de sécurité », préfacée par le président Macky Sall, a aussi attiré notre attention. Ces livres ont été publiés par les Editions « Maguilen ».
 Un autre poster nous montre les Palmes Saint-Louisiennes pour les arts et les Lettres, titre d’une distinction que l’ancien maire de Saint-Louis, Cheikh Bamba Dieye, lui a décernée le 15 décembre 2012, en reconnaissance de son métier et de sa contribution au rayonnement de la ville de Saint-Louis dans le domaine des Lettres.
 Dans le coin du salon, il a accroché son diplôme du Maguilen d’Or 2011, décerné par le Groupe des Editions « Maguilen » et signé par le Directeur Général de cette Maison d’Edition, Alioune Badara Bèye et le Président du Jury, le Professeur Feu Oumar Sankharé.
 D’autres diplômes et certificats de reconnaissances décernés par le Cercle des écrivains et poètes de Saint-Louis et l’Institut « Cheikh Ahmadou Lamine Ndiaye, pour la mémorisation du Coran et de l’étude islamique », accueillent les visiteurs chez le Colonel.
 
                                                              Un parcours exceptionnel
 
Né à Saint-Louis, le 18 janvier 1948, le Colonel Moumar Guèye a fait ses études primaires à l’école Dodds de Santhiaba, à l’école de Sénéfobougou, à Ndiolofène, ses études secondaires au Ceg de la Rue Neuville (au sud de l’île), avant d’intégrer l’école nationale des cadres ruraux de Bambey, pour une durée de 4 ans (1966/1970).
Il décrochera son diplôme d’Ingénieur des travaux des Eaux et Forêts pour occuper son premier poste d’Adjoint à l’Inspecteur des Eaux et Forêts de Dakar. Il complétera sa formation à Garoua, au Cameroun, aux Etats-Unis, pour obtenir, en 1991, un Master en Aménagement de la Faune, à l’Institut Polytechnique et Université d’État de Virginie (Virginia Tech).
 Il a occupé des postes très importants dans l’administration avant d’être nommé Directeur du Projet Agroforestier de Diourbel. C’est en 2008 qu’il a pris sa retraite.
C’est au moment d’écrire ma thèse aux Etats-Unis, a-t-il souligné, «  que j’ai appris les techniques d’écriture, j’ai pu écrire en 2003 mon premier Essai (intitulé Crise au Projet Agroforestier de Diourbel, mon combat contre l’arbitraire), ensuite j’ai pu produire un autre ouvrage intitulé « Itinéraire d’un Saint-Louisien : la vieille ville française à l’aube des indépendances » et d’autres œuvres littéraires.
Lorsque j’étais au Collège, a-t-il rappelé, « j’animais une émission dénommée « Jeunesse et culture » en compagnie du Pr. Babacar Baker Fall et Ameth Yoro Ndiaye à la chaîne 3 de Radio-Sénégal, à Saint-Louis, ce qui m’a permis de me familiariser avec la poésie, les différents styles d’écritures, les productions littéraires, à chaque fois que j’avais des idées pertinentes, je m’évertuais à les exprimer dans un livre, j’écris selon mon inspiration, je ne m’empresse pas de sortir un livre ».
En dehors du prestige, a-t-il fait savoir, « un écrivain peut gagner quelque chose s’il produit des œuvres intéressantes et pertinentes, cela peut nous faire voyager, découvrir les salons du livre organisés partout dans le monde, je n’ai pas encore arrêté d’écrire, j’ai d’autres livres en chantier ».
Dans son entourage à Léona Eaux-Claires, à Médina-Courses et dans les 33 quartiers de l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française, les populations n’hésitent pas à le dépeindre comme « un citoyen modèle, effacé, courtois, serviable et affable, fédérateur, modérateur, facilitateur et catalyseur ».
Seydina Guèye Sène, ouvrier agricole qui travaille dans les champs d’oignon du Gandiolais et Mame Farma Diallo, domiciliés respectivement à Diaminar et à Pikine Bas-Sénégal, ne passent pas par quatre chemins pour dire que le Colonel Moumar Gueye, « s’il s’agit de faire du bien, de rendre service, ne fait pas la différence entre ses concitoyens, les fidèles musulmans issus de toutes les tariixa, il arrive très souvent qu’il soulage la souffrance de certaines personnes qu’il ne connaît pas ».
Kharachi Diagne (Journaliste Consultant
 


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