Directeur de la programmation artistique du festival de jazz de Saint-Louis. Mame Birame Seck affiche les ambitions de son association

Tenir le flambeau le plus longtemps possible à travers un plateau artistique toujours éclectique et une programmation intergénérationnelle ouverte aux passionnés mais aussi à l’éclosion de jeunes talents.   Selon le Directeur de la programmation artistique du festival de jazz de Saint-Louis, Mame Birame Seck, c’est le défi majeur que le président de l’Association Saint-Louis/Jazz, Me Ibrahima Diop et toute son équipe, veulent relever.   Il a précisé que l’implantation des scènes OFF du festival s’inscrit en droite ligne avec cette politique.   A en croire M. Seck, l’idée d’une académie du jazz est de plus en plus agitée dans ce sens ainsi que la mutation en fondation « pour mieux nous permettre d’accéder à des niches de financements que notre statut d’Association rend très difficile »…..       Par Mbagnick Kharachi Diagne (Correspondant du Soleil)       Saint-Louis-En 2004, Mame Birame Seck est revenu à Saint-Louis puisque Dakar et sa vie trépidante commençaient à l’étrangler, en plus, il avait besoin de cette reconnexion avec sa ville natale et d’être près de sa mère qui était gravement malade à cette période.   Après une formation de plus de cinq mois, il démarre une nouvelle aventure professionnelle avec l’Office du tourisme comme guide et interprète bilingue de ce magnifique patrimoine de toute la Région-Nord du pays. Une expérience extrêmement enrichissante.   En 2008, sa muse le rattrapa et le mit en relation avec Saint-Louis/Jazz. « C’est ainsi que mon compagnonnage avec le festival prit naissance, en marge de la programmation artistique du festival, je suis aussi maintenant Directeur Général de ACM-Africa ».   Juste pour dire que la musique a véritablement défriché son champ professionnel.   Par ailleurs, il avait déjà mordu à » l’âme-son » jazz avec la fameuse émission de Michael Soumah: « Jazz fm où j’ai connu des musiciens comme Dave Weckl, Bob James, Aldi Meola, Lee Ritenour, Paco Sery, Joe Zawinul et autres ».   Mais quand, par la suite, il a entendu pour la première fois, au début des années 90, The KÔLN CONCERT de Keith Jarrett, il en a fait son album de chevet. Cet album qui, pourtant, était un accident de l’histoire, l’a complètement bouleversé.   Un piano solo qui porte la marque d’un style unique opérant une synthèse qui va de Scott Joplin à Bill Evans et parfois de Bach à Chostakovitch. Et puisque le piano est un excellent instrument de composition, « cela m’a beaucoup aidé à façonner mon écoute de cette musique aux contours parfois abscons ».   Un parcours exceptionnel   Mame Birame Seck est né le 3 Mai 1973 à Saint-Louis. Il a été chez les sœurs de Saint-Joseph de Cluny, de la maternelle à la fin du cycle élémentaire en 1985.   Ensuite, il a été au lycée Charles de Gaulle pour tout mon cursus secondaire, où il a décroché son Baccalauréat en 1994.   Il a alors migré vers à l’UCAD, plus précisément à la Faculté des lettres et des sciences humaines, « mais pour être honnête, les professeurs ne me voyaient presque jamais ».   Mes deux premières années, a-t-il poursuivi, « je séchais les cours pour aller bosser à Louga avec Plan International, pour des revenus qui étaient mirifiques à mon âge, avec peu d’expérience professionnelle ».   Les deux dernières années, « je travaillais chez Xippi inc, la boîte de Youssou Ndour, avec un piston de mon grand frère qui y était déjà salarié ».   Ce qui était extraordinaire, est qu’il réussissait à chaque fois, à passer les examens avec quelques copies de cours que lui filait son voisin de chambre « qui ne me voyait que deux ou trois fois par mois ».   « Mon grand-frère, je me rappelle, était tellement intrigué par ce comportement bizarre qu’il décida d’en parler un jour à ma mère, il faut juste préciser que j’étais au département d’Anglais et puisqu’on n’avait pas d’UV (Unité de Valeur), je pouvais me permettre de telles longues absences sans aucune justification ».       La rançon de la curiosité   Mame Birame Seck nous a fait savoir qu’il a toujours été curieux de nature et entreprenant. Mais il se veut honnête lorsqu’il nous confie qu’il n’a jamais eu un plan de carrière, « je me suis toujours contenté de suivre mes passions qui gravitent autour de la musique et de la culture en général ».   Ainsi, il a démarré avec la duplication au studio de la SODIDA, ensuite il a atterri au studio d’enregistrement à la rue Parchappe en 1998.   A l’époque, « on travaillait avec des CHRONO 5 et le mastering à partir de lecteurs ADAT, des appareils qui n’avaient plus aucun secret pour moi ».   Mame Birame a également participé à plusieurs reprises à l’organisation du fameux concert du 25 décembre de Youssou Ndour au stade Demba Diop et il a aussi réalisé une édition du festival DK 24 à la FIDAC, « ce dernier a été un feu de paille malheureusement ».   Cet adepte du Jazz soutient avec véhémence que la musique en général, et le jazz en particulier, reste un puissant moyen d’expression.   Selon cet expert de la programmation artistique du festival de jazz de Saint-Louis, de la mélopée qui couvrait les champs de coton aux trompettes les plus célèbres de Harlem, toute l’histoire du peuple noir est racontée par les différents rythmes qui se sont succédé durant l’évolution de ce jeune centenaire.   On peut les appeler chronologiquement: cantiques, ragtime, gospel, blues, Nouvelle Orléans, Middle Jazz, Be bop, cool jazz, Hard bop, Bossa Nova, free jazz, jazz fusion….   Une orientation artistique bien spécifique   Pour notre festival de jazz à Saint-Louis, a-t-il souligné, chaque édition rime avec une orientation artistique bien spécifique, « mais le principal message véhiculé inlassablement reste la quintessence même du jazz, c’est à dire une musique associée à des révolutions esthétiques et sociales et qui a toujours un rôle de premier plan dans la perpétuelle lutte contre les différentes formes de discriminations raciales et sociales ».   Plus explicite, il précise que le jazz devient ainsi un outil incontournable de promotion pour la démocratie et le dialogue interculturel.   Mame Birame est aussi fier de nous dire qu’il été profondément marqué, de différentes manières, par des musiciens que l’Association Saint-Louis/Jazz a eu l’honneur d’accueillir sur la scène du « In », sur la place Faidherbe.   D’abord musicalement, « ils sont nombreux, je dois dire, mais j’ai reçu un choc musical avec les prestations de Nelson Veras, Kenny Baron, Chander Sardjoe, Omri Mor, Shahin Novrasli, Stanley Jordan, Indra Rios Moore, Awa Ly, etc ».   Humainement et artistiquement, avec Jeff Ballard, Lucky Peterson, Stanley Clarke, Randy Weston, Nancy Ruth, Lorenzo Naccarato….   Spirituellement, je dirais, Pharoah Sanders, Dhafer Youssef et Cheikh Tidiane Fall.   Un projet économique très intéressant   Intégré depuis 2017 dans le catalogue des plus grands festivals du monde et date incontournable dans l’agenda culturel du Sénégal, Saint-Louis/Jazz, selon ce féru du Jazz, est devenu un outil de promotion touristique de premier choix doublé d’un puissant levier de développement durable.   Au-delà d’une succession de concerts et autres manifestations culturelles, le festival de la ville tricentenaire devient un projet économique très intéressant dont le modèle épouse parfaitement la politique de l’emploi déclinée depuis quelques mois par son le Président Macky Sall.   Le festival a, dès ses premières éditions, accueilli des sommités du jazz, de renommée internationale.   Les objectifs restent inchangés, il s’agit notamment de contribuer au rayonnement culturel de la cité patrimoine à travers la musique avec tous les effets bénéfiques induits.       Une Académie du Jazz   Parlant de la mise en place d’une académie du jazz dans la capitale du Nord et de la mutation de l’Association Saint-Louis/Jazz en Fondation, il nous a fait comprendre que ce projet n’a pas été abandonné, « il a juste été sapé par la crise liée à la pandémie du Coronavirus ».   Une démarche plus efficiente est en cours, « elle nous mènera dans les mois à venir à la reconnaissance d’utilité publique avec déjà notre quitus fiscal en bandoulière ».   C’est un vrai parcours du combattant avec des procédures fastidieuses mais en mettant toutes les énergies positives en synergie, « je crois que nous y parviendrons ».   Dans son argumentaire, il s’efforce de nous expliquer que Saint-Louis/Jazz est un projet qui, dorénavant, doit s’étendre dans le temps et dans l’espace.   Il y a beaucoup à faire sur toute l’année en matière de formation, d’entreprenariat et d’animations culturelles.   Il touche peut-être là, du doigt, de réels enjeux de collaborations intelligentes avec leurs partenaires institutionnels, tels que la Mairie de Saint-Louis, le Ministère du tourisme et des transports aériens, le Ministère de la culture et de la communication, mais aussi leur sponsor leader, à savoir la Bicis et la BNP Paribas.   Pour finir, Mame Birame a rendu de vibrants hommages à tous leurs partenaires institutionnels et économiques, « leur engagement à nos côtés constitue un soutien inestimable pour la réussite de chaque édition ».   Il n’oublie pas la presse, la mémoire vivante du festival ainsi que toute l’équipe dirigée avec sagesse et sagacité par le Président Ibrahima Diop.   « Nous donnons rendez-vous à tout le monde du 2 au 6 juin 2022 pour fêter et célébrer les 30 ans du festival international de jazz de Saint-Louis,  avec des artistes exceptionnels et des créations inédites qui contribueront à rendre ce festival unique en tous genres. LE SOLEIL


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